Les métiers du psychologue

1 En guise d’introduction :

Il existe de nombreux articles qui parlent des différents « psys », on définit d’ailleurs souvent le métier du psychologue en le différenciant des autres, et cela tient probablement à l’histoire de la psychologie en France. Nous avons souhaité réaliser cet article pour expliquer ce qui, dans la démarche de Psylean, nous a conduit à penser une solution spécifique pour ce métier ou plutôt les différentes activités rattachées à ce métier.

2 Un « petit » rappel historique :

Le terme « psychologie » signifiant étymologiquement la science ou le discours (du grec logos) de l’âme (psukhé) existe depuis le XVIème siècle et devient une discipline à part entière à partir du XIXème siècle. Cependant la philosophie s’intéresse aux processus intellectuels depuis …l’antiquité ! La psychologie constitue donc un intérêt ancien mais est considérée comme une science (humaine) relativement récente et, ayant constitué l’objet d’étude de nombreuses autres disciplines : nous venons de parler de la philosophie (Platon, Aristote, Descartes…) mais aussi, les mathématiques, la physique, la biologie, la chimie, la médecine… L’apport de ces dernières ayant permis d’avancer entre autres, des moyens de mieux comprendre et de quantifier les phénomènes psychiques. On doit à Descartes une vision dualiste de l’âme et du corps et deux conceptions qui en découleront et influenceront les différents courants de pensées et disciplines de la psychologie : une vision spirituelle, s’intéressant à l’activité de l’esprit et échappant à l’observation et à l’expérimentation et une vision plus empiriste. A partir du XVIème siècle, on retrouve des fondements de la psychologie expérimentale, en France, en Allemagne, en Grande Bretagne, en Russie, aux États-Unis et qui évoluera suivant les mouvements culturels, intellectuels et institutionnels. En France, la psychologie est née de la psychopathologie et l’on doit à T. Ribot (1839-1916) qu’elle soit devenue une science autonome universitaire. A partir du XXème siècle et jusqu’à aujourd’hui, différents courants se développent, permettant de mieux comprendre l’existence des différentes spécialités et donc de diplômes aujourd’hui en France (nous pourrons proposer une présentation synthétique de chaque courant dans des articles consacrés ultérieurement) :

  • Le behaviorisme 
  • Le gestaltisme
  • La psychologie clinique
  • La psychanalyse
  • La psychopathologie
  • La psychologie du développement
  • La psychologie cognitive
  • La psychologie différentielle
  • La psychologie sociale
  • La neuropsychologie

La dualité entre psychologie philosophique et psychologie scientifique, conduit P. Janet à créer la Société Française de Psychologie (SFP) dès 1901 et qui existe toujours [1]. Puis en 1950, des professionnels diplômés fondent le Syndicat National des Psychologues Praticiens (SNP), et l’on situe autour de cette date, la création de cette profession. En 1961, la SFP élabore le premier code de déontologie des psychologues, dont la dernière version a été remaniée en 2021 [2]. Et enfin en 1985, la loi protège le titre de « Psychologue ».

3 Un titre protégé, mais pas un exercice protégé : de quoi s’arracher les cheveux !

L’usage du titre de psychologue est réglementé par la loi 85-772 du 25 Juillet 1985. Pour être autorisés à faire usage de ce titre dans leur exercice, les psychologues sont dans l’obligation de se faire enregistrer auprès de l’ARS dont ils dépendent, chargée de vérifier le ou les diplômes, le ou les lieux d’exercice, d’inscrire le professionnel sur le répertoire ADELI, lui attribuant de ce fait un numéro de référence. Le titre de psychologue est obtenu après avoir validé un master professionnel en psychologie qui correspond à cinq années d’études après le BAC et doit justifier de 500 heures de stages. Les trois premières années correspondent aux années de licence et une sélection s’effectue pour intégrer le cycle master de deux ans. Le diplôme délivré en France, l’est par le biais d’un cursus universitaire, de l’Ecole des Psychologues Praticiens, du Conservatoire des arts et métiers (Psychologue du Travail). Par décret (90-255 du 22 mars 1990), l’accès au titre se fait également par les diplômes d’État de psychologue scolaire et de conseiller d’orientation-psychologue. Les masters recherche, si validés permettent d’obtenir un doctorat en psychologie, qui ne permet cependant pas l’obtention du titre à moins d’un master recherche et professionnel ou de la validation d’un master professionnel en complément d’un master recherche [3].

Ce qui explique qu’il existe des docteurs en psychologie qui ne sont pas des docteurs en médecine.

Profitons de ce paragraphe pour distinguer les différents « psys » : oui un grand classique !

  • Psychothérapeute : l’usage du titre de psychothérapeute est protégé par le décret n° 2012-695 du 7 mai 2012 modifiant le décret n° 2010-534 du 20 mai 2010. Les personnes autorisées : médecins, psychologues et psychanalystes, à en faire l’usage doivent également s’inscrire auprès de l’ARS de leur département d’exercice. Ils doivent justifier de la validation « d’une formation en psychopathologie clinique de 400 heures minimum et d’un stage pratique d’une durée minimale correspondant à cinq mois effectués » Certains professionnels peuvent demander, par dérogation une dispense de formation et de stage, dont les modalités sont prévues dans le décret. Certains établissements de formation accessibles à d’autres professions de santé sont agréés pour délivrer le titre de psychothérapeute (https://psychologues.org/) [4].

  • Psychanalyste, selon l’institut Français de psychanalyse : « l’usage du titre de psychanalyste est réservé aux professionnels répondant à des exigences administratives, de formation et d’éthique.Le titre de psychanalyste n’est pas réglementé par l’État ». Mais les psychanalystes, comme mentionné précédemment, peuvent s’inscrire en vue de faire usage du titre de psychothérapeute [5].

  • Psychiatre : Le psychiatre est un médecin (un docteur en médecine), il a obtenu un doctorat en médecine avec une spécialité en psychiatrie (DES). Il peut établir des ordonnances et prescrire des médicaments, et peut également être psychothérapeute.

Qu’en est-il des thermes de thérapeute et de praticien en psychothérapie ?

  • Le terme thérapeute, n’est pas un titre protégé, il est souvent utilisé par des praticiens de « médecines non conventionnelles », qui ne sont pas reconnues du point de vue scientifique par la médecine conventionnelle.

  • Le terme de praticien en psychothérapie ou psychopraticien, n’est pas non plus un titre protégé. Certains organismes de formations se sont regroupés (GLPR) pour protéger le terme psychopraticien sous la forme de certifications ou de labels, mais non reconnus légalement. Les formations sont donc diverses et variées, allant de plusieurs années pour les plus rigoureuses, à quelques semaines ou heures, comme l’on peut trouver très couramment sur les réseaux sociaux. S’il existe un délit d’usurpation du titre de psychothérapeute, en revanche, il n’y a pas d’exercice illégal de la psychothérapie. Les deux termes précédant permettent donc de pouvoir contourner la loi.

4 Les différentes activités du psychologue

Comme on l’a vu, l’histoire de la psychologie a amené cette discipline à évoluer suivant différents courant de pensées, qui ont à leur tour, influencé le mode d’exercice des professionnels suivant le contexte de cet exercice. De plus les études de psychologie conduisent à une distinction entre un mode d’exercice théorique (recherche, enseignement) et pratique (exercice auprès d’usagers). Ainsi le psychologue, peut être amené à avoir des activités variées :

  • Recherche
  • Enseignement et/ou formation
  • Évaluation
  • Suivis en relation duelle
  • Suivis en groupe
  • Analyse de pratiques professionnelles
  • Supervision
  • Activité de conseil

L’association Propsy a réalisé une vaste enquête (un échantillon de 2715 répondants https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7121209707108683777/) sur les conditions socio-économiques des psychologues en France, dont les résultats ne sont pas encore disponibles en totalité. A ce jour certains résultats publiés montrent déjà les profils des répondants (répondantes à plus de 85% !), mais également leur formation. Au-delà de leurs conditions économiques, cette enquête pourra peut-être permettre d’avoir également des données en ce qui concerne la représentativité de certaines activités par rapport à d’autres… à suivre !

5 Quels sont les problèmes posés par le fait que l’exercice ne soit pas réglementé ?

L’exercice de la psychologie n’est pas réglementé en France, se pose un problème de « protection » à la fois pour les usagers : rien ne peut-être opposable aux professionnels en ce qui concerne leurs modalités d’exercice et pour les professionnels eux-mêmes, puisqu’il n’est pas nécessaire d’être psychologue pour … exercer la psychologie ! Cf. Interview de Maître Olivier, avocat, par l’association Propsy : https://www.youtube.com/watch?v=8jBWBp93aw8&ab_channel=ProPsy Il existe un texte de référence pour les psychologues : le code de déontologie dont la dernière version date de 2021, remanié par un collectif : le CERéDéPsy regroupant plus d’une vingtaine d’associations et syndicats professionnels (une réussite historique !). Ce texte non reconnu, n’a pas de valeur légale, mais les psychologues ont été invités à le signer individuellement pour marquer un engagement qui reste cependant symbolique. Les usagers peuvent, à titre consultatif, saisir la Commission Nationale Consultative de Déontologie des Psychologues (CNCDP).

6 Enjeux actuels de la profession : On n’est pas sorti du sable !

Avec l’arrivée des dispositifs tels que Mon soutien psy : il semble y avoir une injonction sociétale ou plutôt politique grandissante à définir ou rallier le statut du psychologue, aux professions de santé, aux paramédicaux ou encore en auxiliaires de santé, ce contre quoi, de nombreuses associations comme M3P fondée à la suite du mouvement sur les réseaux sociaux : https://www.facebook.com/manifestepsy ou syndicats professionnels comme (SNP : https://psychologues.org/ ), s’opposent et dénoncent, comme 93% des professionnels. Récemment c’est le dispositif SESAME (Soins d’Equipe en SAnté MEntale), qui est au cœur des polémiques. En effet il s’agit d’un dispositif de santé mentale mais sans présence de psychologue, assuré par les médecins généralistes et infirmiers.

Le métier de psychologue est-il tout simplement amené à disparaître ?

Le regroupement historique autour de l’actualisation du code de déontologie et la mobilisation des psychologues ces trois dernières années, montre au moins une volonté de défendre cette profession qui reste encore à réglementer pour atteindre cet objectif.

Et ce métier mérite bien d’être défendu, tant par sa richesse que par sa complexité et impliquant une démarche continue de formation…

L’essence de la création de Psylean est d’apporter une pierre à l’édifice pour que soit reconnue une démarche de qualité dans l’application de la psychologie.

A suivre !

Références :